dimanche 24 mars 2013

Liberté d’expression en danger à l’Université de Mons ?



"Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire." Voltaire
Depuis quelques semaines, les membres de Comac rencontrent des obstacles à la tenue de leurs actions sur le campus de l’Umons. Le recteur, sous la pression de certains étudiants, veut subitement interdire les membres de Comac-Mons de faire des appels en auditoire afin de faire la promotion de leurs activités. Après plusieurs rendez-vous avec le recteur, il a été décidé que Comac passera au Conseil d'Administration du 25 mars afin de déterminer l'autorisation ou non de faire des appels d'auditoires, tracter, etc. Une commission a vu le jour pour guider le Conseil d'Administration dans sa décision.
Comac est présent sur tous les campus universitaires de Belgique. Depuis un an et demi, Comac est également actif à Mons. Nous y avons organisé diverses activités : des conférences, récoltes de signatures pour que les syllabus soient disponibles dès le début de l’année, des cinéclubs, une manifestation en soutien au peuple palestinien, etc. Toutes ces activités ont toujours été organisées sans encombres et dans le respect du débat démocratique.

Plusieurs raisons sont avancées pour nous empêcher de nous exprimer
Premièrement, certains étudiants ont soudainement été dérangés par des appels de Comac dans les auditoires. Pour un étudiant qui se plaint d’être dérangé, combien d’autres qui nous expriment leur soutien ou trouvent positif de voir des jeunes engagés de gauche ? Si tout ce qui dérange quelqu'un devenait interdit, on sombrerait rapidement dans des pages noires de l'Histoire qu’on aimerait oublier aujourd'hui. De plus en plus, la tentation du repli sur soi et du rejet des avis différents font surface dans l’opinion publique, comme le montrent les récentes déclarations du bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever.
Deuxièmement, l'Université de Mons consacre en son règlement d'ordre intérieur la nécessité pour les étudiants de respecter la neutralité philosophique, politique et religieuse. Le fait que Comac soit le mouvement de jeunes du PTB est invoqué comme atteinte à la neutralité politique. Plusieurs questions sont alors à poser : qu’est-ce que la neutralité et, surtout, qui doit respecter ladite neutralité ? Les étudiants ou le corps professoral ? Si on pousse cet article du règlement jusqu’au bout et qu’on interprète qu’il est applicable aux étudiants, il faudrait alors interdire tous signes religieux, philosophiques et politiques. Ce qui voudrait dire que le voile serait interdit, qu’on ne vendrait plus de viande halal aux restaurants universitaires, etc. On remarque qu’il y a plusieurs interprétations possibles de la neutralité. Est-ce qu’être neutre signifie suivre la pensée dominante ?  Dans ce cas-là, il semble difficile de parler de liberté d’expression. Certes, Comac n’est pas neutre dans ses idées et ses actions, mais cette association d’étudiants de l’Umons veut amener des idées nouvelles au sein de l’université. L’Umons freine-t-elle Comac pour le respect de la neutralité ou pour éviter les débats d’idées ? 

Pour Comac, la neutralité, c’est le respect du pluralisme politique
Rappelons que les droits fondamentaux de liberté d'association et d'expression de tout citoyen impliquent que ceux-ci n'ont pas à répondre de leur affiliation politique devant aucune autorité académique.

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Pour Elisa Munoz Gomez, responsable de Comac-Mons, "la neutralité politique, c'est le respect du pluralisme et la promotion du débat démocratique. La neutralité ce n'est certainement pas le cantonnement à la pensée unique. A partir du moment où les partis politiques font partie intégrante de la scène sociétale, interdire les mouvements de jeunes de ces partis n'a rien de neutre. Il est évident que c'est plus le profil de Comac de lutter contre toutes les injustices, y compris à l'université, qui dérange en plus haut lieu. Combien d'universités n'ont pas dans leur histoire abriter des dissidents politiques traqués et poursuivis pour délit d'opinion? Lieu symbolique historiquement en dehors des interférences policières, l'Université de Mons accepterait-elle d'être aujourd'hui le point de départ d'une police politique faite d'étudiants ? Si nous commençons là, où en serons-nous dans quelques mois?"
Le recteur de l’Umons, Calogero Conti, considère que Comac semble oublier le règlement. Comac considère que le recteur semble oublier la Constitution et la déclaration universelle des Droits de l’Homme. Entre les deux règles, il n’est pas difficile de déterminer celle qui prévaut. Le problème du règlement de l’Umons est qu’il prête à toutes sortes d’interprétations. Après Comac, qui sera la prochaine cible ?

L’UMONS, un cas isolé
Le recteur avance également que l’Université de Mons est une université d’état, publique et qui donc doit être neutre. Pour Comac, le fait qu’elle soit publique implique justement qu’elle doit garantir le respect de tout étudiant et le pluralisme démocratique. L’Université de Liège, également Université d’Etat, ne met elle aucune entrave au développement d’activités politiques sur son campus.
La problématique actuelle à l'Umons est en effet bien singulière en Belgique francophone. Si l'Umons était effectivement droite dans ses bottes sur sa tentative de censure de tous les jeunes politisés (effectivement, ce règlement vise tous les jeunes affiliés à une jeunesse politique), les autres universités feraient de même.  Ce n'est pourtant pas le cas. Bien entendu, les universités ont différents modes de reconnaissance des cercles politiques sur les campus, fruits de leur histoire et trajectoire propre. Pourtant, ni à l'ULB, ni à l'UCL ou l'ULg, Comac n'a jamais rencontré de problèmes dans sa distribution de flyers, de réservation de locaux pour organiser des activités ou d'appels en auditoire pour faire la promotion de ses actions. Comac-Mons tient à souligner qu'en 18 mois d'existence depuis son lancement en septembre 2011, aucun problème n'est à pointer dans sa relation avec l'administration et les autorités de l'Umons. Nous espérons que face au débat actuel, les autorités académiques prendront le parti de la liberté d'expression et non la sombre voie de la censure.
Comac défend :
  • le respect des droits à la liberté d'expression et d'association de tous les étudiants.
  • un règlement clair, à l’Umons, concernant l’activité des cercles, comme il existe dans toutes les autres universités, règlement qui garantit le droit des étudiants à s’exprimer et s’organiser politiquement sur le campus.





Raoul Hedebouw le porte parole national du PTB réagit :

On veut interdire à Comac (org. étudiant du PTB) de faire des speechs d'auditoire à l'université de Mons. pourtant, les speech d'auditoires font partie d'une longue tradition pluraliste dans l'histoire universitaire belge !








Gaëtan Lelong le président du PTB Mons-Borinage :

Je suis profondément choqué par le mépris et la tentative de censure envers un mouvement de jeunes parfaitement démocratique. L'Umons se moquerait-elle des principes élémentaires de la constitution Belge à savoir la liberté d'expression et la liberté d’association ? Je m’interroge d'autant plus sur cette tentative de censure lorsque je vois la liberté offerte aux autres mouvements de jeunes politiques. L'Umons serait-elle donc au dessus des lois et de la constitution du peuple Belge? 

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