vendredi 23 octobre 2009

Devenez membre du fanclub "taxe des milionnaires"


Lancement officiel, cette semaine, de la nouvelle campagne du PTB: "TAXE DES MILLIONNAIRES".

Accès au site de la campagne via les images de ce message et en marge de ce blog.

« Qui casse paie » dit le dicton. Mais un dicton qui n’est pas d’application à la rue de la Loi. Le gouvernement a mis vingt milliards d’argent de vos impôts dans les banques et se retrouve maintenant avec un déficit gigantesque. Qui doit payer ?

Or, la Belgique est le pays qui compte le plus grand nombre de millionnaires par habitant en Europe, après la Suisse. Notre pays est un vrai paradis fiscal pour les grosses fortunes. Et un enfer fiscal pour l’homme de la rue. Cela doit changer.

C’est pourquoi le PTB (Parti du Travail de Belgique) mène campagne pour une taxe des millionnaires. Avec une taxe des millionnaires, nous pouvons présenter la facture de la crise aux véritables responsables.
Dans notre pays, 88 000 familles possèdent plus d’un million d’euro, soit 2% du total des familles. Le PTB veut qu’elles paient au moins 1% d’impôt annuel sur leurs fortunes.

Pour réaliser cette revendication, nous avons besoin de votre soutien. Le PTB cherche au moins 88 000 personnes pour souscrire à cette demande et pour aider à la réaliser. Vous voulez aussi devenir fan de la taxe des millionnaires ?

Sur ce site vous trouvez tout ce que vous avez voulu savoir sur les grosses fortunes et sur la taxe juste qu’il convient de leur appliquer : la taxe des millionnaires.

dimanche 18 octobre 2009

"Preiss-Daimler" St Ghislain (ex-Belref) - Toute une histoire... + Discours syndical

L'industrie céramique Boraine, aussi ancienne que la Belgique...

Depuis le 19ème siècle, l'industrie céramique a toujours occupé une place prépondérante dans la région de Mons-Borinage. A Saint-Ghislain, Hautrage, Baudour, Tertre, Ghlin, Quaregnon, Wasmuël,...de nombreuses usines y produisaient des briques réfractaires destinées aux secteurs de la verrerie, de la sidérurgie, de la cimenterie ou simplement dans le secteur des marchands de matériaux. D'autres usines fabriquaient des briques pour le secteur de la construction, du carrelage en grès particulièrement résistant, des isolateurs, de la porcelaine ou encore de la faïence. Les matières premières provenaient en grande partie des carrières environnantes.

Ainsi, depuis 1834, les travailleurs de la société Preiss-Daimler située à Saint-Ghislain, beaucoup plus connue sous le nom BELREF, fabriquent des briques réfractaires destinées aux fours de verreries ainsi qu'aux sidérurgistes. Cette société, véritable fleuron de l’industrie boraine, a été brutalement mise en faillite le 29 septembre 2009. Il est à souligner que seule l’usine belge est mise en faillite par la maison mère allemande P.D. GROUP avec ses 12 millions € de profit dégagés en 2008.

Celle-ci va poursuivre ses activités en Allemagne, Tchéquie, Chine et ailleurs dans le monde.
PREISS DAIMLER s’est comporté comme un « patron voyou » en ne respectant pas ses obligations légales et conventionnelles (non paiement des salaires de septembre, préavis,….).
Il s’agit d’une véritable catastrophe pour l’emploi régional : 173 emplois directs sont perdus sans compter les emplois indirects.
En fait c’est toute l’industrie de la céramique boraine qui est en train de disparaître de la carte.
NGK BAUDOUR (ex CERABEL), RNI, Briqueterie DURIEUX, VESUVIUS HAUTRAGE, BELREF SAINT-GHISLAIN ont cessé de vivre en quelques mois. L’épine dorsale du Borinage industriel est en train de passer de vie à trépas.

C’est dans ce contexte qu’une manifestation pour l’emploi a eu lieu le 16 octobre face à l’usine Belref de Saint-Ghislain. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté leur solidarité avec les 173 travailleurs de Preiss- Daimler (parmi les manifestants, une présence très symbolique, celle de la délégation syndicale de Bridgestone Frameries en Front Commun). De nombreuses entreprises de la région étaient représentées et tous ont fortement manifesté leur volonté d'unification, de radicalisation des réactions contre les "patrons voyous" qui ne reculent devant rien pour assouvir leur soif de profits.
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Discours intégral d’Alain de Nooze (secrétaire régional de la centrale générale F.G.T.B. Mons-Borinage.

« Cher(es) Camarades,

Au nom de la centrale générale F.G.T.B. Mons-Borinage, nous tenons à vous remercier chaleureusement pour votre présence, aujourd’hui sur le site de Saint-Ghislain.
Cela nous fait chaud au cœur de vous voir aussi nombreux manifester votre solidarité avec les travailleurs de BELREF et leur famille. Cela fait plaisir de voir une telle volonté pour que votre usine continue de vivre malgré la faillite.

Une faillite injuste voulue par PREISS DAIMLER, un patron voyou parti sans payer les salaires, ni les préavis de 173 travailleurs. Un PREISS DAIMLER qu’il faut rayer de notre mémoire. Notre usine s’appelle BELREF. Elle est présente à Saint-Ghislain depuis 1834. On ne va pas accepter qu’elle disparaisse comme ça. On ne veut pas qu’elle devienne un nouveau chancre au cœur du Borinage. Car, comme le disait un journal, la semaine dernière, BELREF est le joyau de l’industrie boraine et il doit le rester.

BELREF est connu dans le monde entier pour produire la meilleure silice sur le marché. BELREF a sa place pour fournir ses produits aux verriers, aux sidérurgistes sur le plan international.
Alors, comment expliquer le gâchis actuel ? Comment expliquer la déconfiture de toute l’industrie céramique présente au Borinage en moins de 3 ans ?
  • NGK BAUDOUR (CERABEL) : fermeture en 2006
  • R.N.I. : faillite en 2008
  • Briqueterie DURIEUX : fermeture en 2008
  • VESUVIUS HAUTRAGE : fermeture en 2009
  • PREISS-DAIMLER : faillite le 28/09/2009
C’est tout le borinage industriel qui est en train de disparaître.

Il est temps de réagir. Demain, il sera trop tard.


Nous avons au Borinage les hommes, le savoir-faire, les matières premières qui ont fait sa renommée et en particulier celle de la céramique.


Cependant, par la faute du système capitaliste, par la faute des multinationales qui délocalisent, qui gèrent mal, qui se comportent comme des voyous, nos usines ferment, nos camarades et leur famille sont réduits au chômage et à la misère. C’est un scandale ! Le scandale d’un système laxiste où les patrons peuvent tout se permettre sans être inquiétés par la justice.

BELREF est un malheureux exemple supplémentaire de ce laxisme. Depuis une quarantaine d’années, depuis l’abandon de l’entreprise par la Société Générale, BELREF n’a plus été géré correctement par ses dirigeants et n’a pas obtenu les investissements nécessaires.


Il est évident que PREISS DAIMLER en rachetant Saint-Ghislain en décembre 2004 pour une poignée de cacahuètes avait une idée bien précise : supprimer un concurrent afin de favoriser ses implantations en Allemagne et en Tchéquie.

Aujourd’hui, ce sont les travailleurs borains qui trinquent alors qu’ils ont consenti tellement d’efforts, de sacrifices pour maintenir leur usine en vie.


C’est pourquoi, tous ensemble, nous allons faire le maximum pour que BELREF continue de vivre.


La Curatelle a décidé de poursuivre les activités pendant quelques semaines pour finir les en-cours de commande, la SOGEPA (Région Wallonne) va financer un bureau d’études spécialisé en vue de trouver un repreneur industriel, de nombreux parlementaires nous soutiennent, des repreneurs potentiels ont déjà visité l’usine.

Ce sont des signaux encourageants mais la partie est loin d’être gagnée. Le chemin à parcourir pour sauver tout ou partie de l’usine sera encore long, parsemé d’embûches. Pas d’illusion à se faire. Il faudra énormément de volonté, de persuasion pour aboutir au résultat que nous voulons tous… Un BELREF qui repart de l’avant.

Croyez-moi, mes Chers Camarades, c’est avec beaucoup d’émotion que je vous le dis, votre syndicat, la centrale générale F.G.T.B. (avec l’aide de toutes les bonne volontés) fera tout ce qui est humainement possible de faire pour sauver BELREF, votre usine.


Camarades,


Serrons-nous les coudes pour que demain le Borinage, terre de labeur et de solidarité, ait lui aussi une part de soleil ! »

Alain DE NOOZE

samedi 17 octobre 2009

Manifestation Preiss Daimler à St Ghislain (article + vidéo JT TéléMB)


Colère et espoir ...

Vendredi 16 octobre, plusieurs centaines de travailleurs se sont rassemblés devant Preiss Daimler, l'ancien Belref à St Ghislain. Il y avait ceux de Belref mais aussi de nombreuses délégations de partout du Borinage, même de Verviers. A l'appel de la Centrale Générale.

Lucien Ferrarini, délégué principal FGTB de Preiss-Daimler Refractories (Belref):
“Nous nous attendions à une restructuration, un plan Renault, mais pas à une faillite. Une faillite organisée en plus. Car le patron a les moyens ! Le groupe a fait un bénéfice de 12 millions d'€ en 2008. Des commandes il y en avait, mais nous ne les connaissions pas, car nous n'avions plus de service commercial ici. Toutes les commandes étaient distribuées par le siège central en Allemagne aux autres sièges. De plus, le vendredi la Direction retire 240.000 € de liquidités de la caisse de Belref, et le lundi 28 septembre il déclare la faillite ! Les salaires de septembre ne sont pas payés, ni les préavis ! Des familles se sont retrouvé sans revenu du jour au lendemain. Elles ne toucheront que leur chômage en octobre.”

Jocelyne, épouse d'un ouvrier de Belref: “Nous n'avons qu'un seul revenu dans le ménage et 3 enfants, nous devrons vivre avec 1.300 € par mois au lieu de 1.900. En début de mois, 800 € partent déjà directement pour les factures. La grande a 13 ans, elle voudrait devenir içnfirmière. Serons-nous capable de lui payer ces études-là ? Déjà maintenant, pour un voyage scolaire qui coûte 185 € nous payons sur plusieurs mois. Quand mon mari m'a téléphoné que c'était la faillite, j'ai pleuré durant une semaine. Il a déjà cherché du travail ailleurs. Il est mécanicien d'entretien, mais sur les 18 ans qu'il a travaillé à Belref, il a presque tout le temps fait le même boulot spécialisé. Cette spécialisation-là, on en a pas besoin ailleurs. Il a 38 ans, va-t-il trouver quelque chose ?

Yvan, ancien de Vesuvius: “j'ai commencé à Belref il y a 32 ans. Lors de la crise des années '90, il y a eu une scission, une partie de Belref (sur Hautrage) est devenu Vesuvius, où j'ai travaillé depuis 2004. Notre usine a fermé en juin, mais nous avons au moins su obtenir un plan social. N'empêche que les patrons ont vraiment profité de la crise pour toutes ces fermetures et faillites. Ils n'en ont rien à cirer qu'avec notre pouvoir d'achat actuel, les travailleurs n'ont pas su mettre un franc de côté pour voir venir !”

Lucien Ferrarini: “Aujourd'hui, la curatelle travaille pour récupérer les clients qui étaient des anciens clients de Belref, mais dont Preiss Daimler s'est accaparé. Notre manifestation d'aujourd'hui s'adresse aux politiques pour qu'ils nous aident à trouver un repreneur fiable”.
Pour la Centrale Générale, l’objectif était d’attirer l’attention de pouvoirs publics et d’un éventuel repreneur, indique la Centrale générale FGTB. « Nous savons que deux opérateurs industriels ont pris contact récemment avec les curateurs et que la Région wallonne suit le dossier de reprise via la Sogepa », explique le secrétaire fédéral Paul Lootens. « Mais nous tenions à exprimer notre ras-le-bol. Les travailleurs n’ont pas reçu leur salaire de septembre et, d’après mon expérience, ils devront attendre un an voire un an et demi avant que le fond de fermeture les dédommage ».

Selon le journal Le Soir, la curatelle a déjà obtenu du tribunal la continuation des activités et l'embauche de 30 ouvriers et 12 employés, par “contrats à tâche déterminée”. Une cellule commerciale a été relancée qui reçoit déjà des nouvelles commandes. Un des quatre fours serait rallumé fin du mois pour honorer les commandes... Les travailleurs espèrent.

vendredi 16 octobre 2009

Manifestation à St Ghislain [16 octobre 2009] contre les excès patronaux et les fermetures arbitraires des usines dans la région de Mons-Borinage.


Album-photos de la manifestation de St Ghislain, le 16 octobre 2009
(cliquez sur l'image ci-dessus).


Au départ de l'usine "Preiss-Daimler Refactories", la manifestation interprofessionnelle de St Ghislain, a rassemblé quelques centaines d'ouvriers de cette entreprise et d'autres de la région de Mons-Borinage, des syndicalistes [dont certains venus de Verviers], des mandataires politiques. Le Parti du Travail de Belgique était bien présent, en soutient à la cause des travailleurs de la région.

Le pouvoir politique fut vivement interpelé lors des discours des responsables syndicaux, appelant à une plus grande responsabilité. Tout en dénonçant les excès patronaux arbitraires, qui, sous prétexte de crise économique, n'hésitent pas à fermer des usines rentables, mettre des milliers de gens à la rue, leur faisant perdre leur emploi, tout en "s'en mettent plein les poches" sur le dos de la main d'œuvre qui les fait vivre. La crise économique ne doit pas être un prétexte, car cette crise n'est pas celle des travailleurs!

Le mécontentement des travailleurs, qui dénoncent la situation socialement catastrophique, dont l'issue impliquera à terme la création d'un grand chancre économique à l'échelon régional. La solidarité et la lutte ouvrière semble le moyen le plus efficace pour contrer la propagation de ce phénomène.

Un article plus complet sera prochainement publié sur ce blog, donnant plus de détails sur cette action.

samedi 10 octobre 2009

Manifestation à Charleroi :: « La crise c'est eux, la solution c'est nous »


Ils étaient entre 10 000 et 15 000 travailleurs à manifester ce 9 octobre dans les rues de Charleroi. Pour dire que les travailleurs ne paieront pas deux fois la crise. 

Lire le reportage complet sur le site du PTB.

Voir la galerie photos (cliquer ici).


mercredi 7 octobre 2009

NOUS NE PAYERONS PAS LA CRISE !

Car c'est bien l'inquiétude actuelle: Vont-ils nous faire payer leur crise?
  • Le gouvernement a-t-il mis au point un énième plan d’austérité ? Si oui, quel est-il ?
  • Après les pouvoirs spéciaux des années ’80, imposés par le gouvernement Martens/Gol ; après le plan global des années ’90, appliqué par le gouvernement Dehaene ; va-t-on encore une fois « sabrer » dans les budgets de la solidarité sociale ?
  • La classe moyenne et les pauvres seront-ils encore la cible privilégiée de l’état ? Ne sommes-nous pas occupés de nous enliser vers la pauvreté, en passant par la perte et le démantèlement de nos acquis sociaux, des services publics ?
  • Quel avenir pour les jeunes ? Quelle société leur préparons-nous ?
  • Y a-t-il possibilité de solutions plus « humaines » pour payer une crise qui n’est pas celle des gens du peuple ? Si oui, comment peut-on agir, à notre niveau, pour influencer le cours des choses ?
  • Etc............

Autant de questions, parmi beaucoup d’autres, posées par les participants, intéressés autant qu’inquiets de leur avenir, de celui de leurs enfants, et de la société en général, lors de la conférence donnée durant la soirée du 6 octobre à « La Braise », rue Zénoble Gramme à Charleroi.
Présenté par le Président Régional du PTB Hainaut, Germain Mugemangango, l’exposé, des plus passionnants, donné conjointement par Raoul Hedebouw (Porte-parole national du PTB et co-auteur du livre « priorité de gauche ») et Marco Vanhees (auteur du livre « Reynders, l’homme qui parle à l’oreille des riches »), a littéralement captivé tout l’auditoire. Cette soirée fut entreprise dans le cadre de la campagne du PTB « Nous ne paierons pas la crise » (télécharger le tract). Un précédent message de ce blog propose le diaporama illustrant la conférence (cliquez ici).
Une délégation du PTB de Mons-Borinage s’y est rendue. La possibilité d'organiser prochainement semblable séance d’information dans la région serait bienvenue. Lors de laquelle nous sommes assurés d’y trouver bon nombre de participants, étant donné l’enjeu de ce qui se prépare, au sein du gouvernement, pour nous faire payer cette crise qui n’est pas la nôtre. Intéressé(e) ? Ecrivez-nous à ptbmonsborinage@gmail.com


Le plan alternatif du PTB


"Un plan d’urgence sociale contre la crise et une alternative de gauche aux restrictions budgétaires". Dans ce document de 25 pages le PTB présente son alternative à la veille de la déclaration gouvernementale du 13 octobre sur le budget. (Télécharger le document PDF en cliquant ici)

vendredi 2 octobre 2009

La Poste :: Le mouvement de grève s'étend



L’arrogance du grand patron Johnny Thijs dans les médias et la mise en route de « facteurs de quartier » dans quelques bureaux pilotes a déclenché la colère des postiers. La grève s’étend.

Depuis le début de la semaine, le nombre de facteurs en grève ne cesse d’augmenter. Lundi, c’était la région de Visé qui était à l’arrêt. Depuis, des actions ont eu lieu dans le Hainaut et à Bruxelles. Jeudi et vendredi, les centres de tri de Bruxelles X et Liège X sont paralysés, de même que le centre de distribution de Charleroi. Septante bureaux de poste étaient en grève en Wallonie et Bruxelles.

Complicité étroite entre postiers et syndicalistes

Qu'on ne dise plus que les postiers « ne veulent plus bouger » ou que « nos syndicats sont pourris ». Car ce sont bien des syndicalistes qui sont allés expliquer aux facteurs dans les bureaux pilotes que leur métier risque de disparaître. Les facteurs ont bien compris et ont débrayé. Et pas seulement dans les bureaux concernés. « Plus de trois quarts des bureaux en grève ne sont pas ceux qui ont été choisis pour tester le concept de facteur de quartier », affirme André Blaise (CSC Transcom) à Vers l’Avenir. Que ce soit au sommet ou à la base des syndicats, des postiers ont pris leurs responsabilités.

Et si la grève s'est étendue aussi spontanément, c'est parce que dans de nombreux bureaux, les facteurs et les délégués « n'attendaient que ça » : qu'il y ait enfin un mouvement généralisé contre ce projet qui signifie la disparition du métier de facteur.Ils en ont marre aussi de vivre une restructuration après l'autre.

L'arrogance de Johnny Thijs dans les médias - « c'est ça ou la faillite » a-t-il déclaré le 30 septembre - a provoqué encore plus la colère, et a décidé les facteurs de Charleroi et du Borinage à s'y mettre à leur tour. Y compris de nombreux contractuels à durée déterminée qui se rendent compte qu'ils seront les premiers à être éjectés. Dans les centres de tri de Liège, Bruxelles et Charleroi, les postiers ont bien compris que ce qu’on veut leur imposer signifie une attaque sans précédent à leur statut et à leurs conditions de travail. « En imposant ce nouveau genre de livreur, la direction méprise la façon dont nous avons travaillé jusqu’à maintenant. Notre conscience professionnelle nous faisait parfois chercher pendant des heures après une bonne adresse. Avec le nouveau système, ce ne sera plus possible. Une enveloppe mal rédigée retournera directement à l’expéditeur » disait un facteur au piquet de Seraing. « En plus, proposer un tel salaire ça ne permet pas de vivre décemment. Déjà nous on ne s’en sort pas, qu’est-ce qu’on peut faire avec 8,5 euros de l’heure ? » ajoute une factrice qui fait les tournées depuis 26 ans.

Ce que veulent les postiers : le retrait pur et simple des livreurs ou facteurs de quartier

L'urgence est là : le 17 octobre sera la date à laquelle la direction « peut » légalement imposer son projet. Dans ce cas, au 1 janvier 4000 livreurs mi-temps remplaceraient déjà 2000 facteurs temps plein, alors qu'il n'y a que 500 départs naturels d'anciens facteurs. Qu’est-ce que cela signifie pour 1.500 autres facteurs ?Perdent-ils leur tournée, le titulariat ???

Même les personnes travaillant pour des chèques-service gagnent plus: 9 € net de l'heure. D'habitude des entreprises délocalisent le travail vers d'autres pays à bas salaires, et c'est un scandale. La Poste fait pire: elle délocalise le travail des facteurs en Belgique et crée des sous-statuts.

Les facteurs sont dans le Top 5 des métiers les plus appréciés. Managers et politiciens sont dans le Top 5 des métiers les moins fiables. Pouvons-nous donc accepter que des topmanagers détruisent le métier des facteurs ?

Johnny Thijs prétend que c’est la crise et qu’il n’y a pas moyen de faire autrement. Mais le chiffre d'affaires de La Poste a augmenté de 2,2 %. Les actionnaires de La Poste ont touché un dividende de 172 millions d'euros en 2008 contre 60,8 millions en 2007. L'actionnaire privé, CVC Capital Partners, a ainsi obtenu une marge bénéficiaire de 28 %.

« Nous proposons dès lors un moratoire sur la distribution des dividendes aux actionnaires tant que les conditions de travail sont ainsi mises en danger ! » avance Raoul Hedebouw, porte-parole du Parti du Travail de Belgique. « La somme de 172 millions d'euros représente environ 4000 emplois. Si les actionnaires ne prenaient que la moitié de leur bénéfice, cela pourrait sauver déjà 2 000 emplois temps plein… C’est une solution bien plus sociale que de recourir à des « facteurs de quartier » ! »

Une loi postale contraignante

Et l’ouverture totale du marché postale imposée par l’Union européenne en 2011 ? Impossible de l’arrêter ?

Pas si l’Etat belge joue bien son rôle et fait adopter une loi postale qui oblige tous les opérateurs postaux à travailler 5 jours/semaine, sur l'ensemble du territoire, avec les mêmes conditions salariales actuelles qu'à La Poste. Avec interdiction de faire appel à des indépendants ou des livreurs. C’est la proposition pour l’immédiat du PTB. 

La nouvelle loi postale doit encore être votée au Parlement. « Là, on verra les partis politiques au pied du mur », dit un délégué liégeois. « Mais je crains que le fossé entre les syndicats et les partis dits de gauche au gouvernement devient de plus en plus grand. »

A partir du 5 octobre, les actions continueront, avec des tournantes par bureau.

Alice Bernard